DETTES PUBLIQUES : LA GRECE DOIT SORTIR TOUT DE SUITE DE LA ZONE EURO POUR LAISSER A LA FRANCE LA POSSIBILITE D'EN SORTIR PLUS PROGRESSIVEMENT

Publié le par JEAN DU TERROIR

                 En pleine tourmente boursière, il ne s’agit pas ici de s’ apitoyer sur le sort  des spéculateurs dont le passé récent à montré l’incapacité à tirer les leçons de leurs propres erreurs dues à leur cupidité « de court terme »- et ce, malgré les efforts en ce sens de certains de leurs (anciens) proches comme le Président Sarkozy- et, finalement leur inutilité sur « l’économie réelle » malgré leur indéniable capacité de nuisance traduite par l’adage « too big to be fall ». Il s’agit davantage de s’intéresser au sujet de plus en plus préoccupant que constitue l’état des finances publiques de certains Etats de la zone euro dont nous faisons indiscutablement partie.

Parmi ceux-ci, le Portugal et surtout la Grèce défraient l’actualité en partie parce qu’ils mettent à mal la cohésion de la zone euro, dont les principaux membres n’apparaissent pas sur la même longueur d’onde... 

                       Mais, il fallait s’y attendre et c’est la conséquence logique d’un « effet dominos » en train de s’enclencher : la note AAA de la France se trouve à son tour remise en cause, la baisse de la consommation observée cet hiver y étant  certainement pour quelque chose.

Reste que c’était une erreur magistrale de miser uniquement sur la consommation, même si celle-ci s’avère un moindre mal dans certaines régions « désertifiées » et ce, pour deux raisons :

-la première est que cette « consommation » se réalise désormais à partir de produits manufacturés souvent importés et que les structures de production ont déjà été massivement délocalisés dans les pays à bas coût, induisant un modèle économique nouveau où seules l’administration, l’assistanat et « l’économie irréelle » permettent de l’entretenir. Les « pays émergents » dont les Chinois, décident alors de la « survie » du système et ils le feront en fonction de leurs intérêts qui dépendent de préoccupations dépendant de divers ordre, environnemental notamment, puisqu’ils peuvent décider d’instaurer un modèle de « développement durable » qui les rendrait moins dépendants de leurs exportations. Et ce d’autant plus qu’ils disposent des réserves d’argent permettant d’ acheter les savoir-faire et technologies occidentales et que, de toutes façon, le consumérisme mondialisé n’est pas imaginable pour de simples raisons écologiques

 -la deuxième est que la structure même de cette consommation est potentiellement « inflationniste » en raison de sa mauvaise répartition sur le territoire,  et si l’inflation reste à des niveaux faibles, c’est en partie parce que les prix restent à des niveaux très élevés ce qui favorise le risque de « déflation » dans un second temps, à travers un cycle qui a peut-être déjà commencé.

C’est là que nous touchons à la vraie différence avec les Grecs dans la mesure où cette consommation « déclarée » compte dans le PIB à tel point que l’endettement de ceux-ci paraît bien plus important que le nôtre et que, surtout, certains grands groupes cotés en profitent directement certes, par la détention des titres du Trésor, mais surtout indirectement ,par la consommation et la course au « gigantisme » générateur de bulles comme dans l’immobilier !

 

                           Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de constater la « communauté d’intérêts » entre la finance spéculative et les tenants de l’ "omniprésence » étatique comme certaines performances françaises-comme le record mondial de consommation de médicaments-. Il ne s’agit surtout pas de moi de tomber dans un nihilisme « protestataire » consistant à dire que « droite et gauche, c’est pareil », ce qui n’a aucun sens mais de montrer que la dérive libre-échangiste et spéculative du libéralisme s’associe paradoxalement pour l’instant aux socialismes de toutes natures au détriment du véritable « monde du travail » que nous défendons. Association évidemment « de court terme » puisque de toutes les façons, les spéculateurs pratiquant la dissociation du capital et du travail ne raisonnent que sur le « court terme » et c’était le sens de ma première restriction.

Cette dissociation du capital et du travail, en plus de la détention « boursière » du capital de l’entreprise, se caractérise notamment par, en dehors du cas particulier des « traders », par l’importance démesurée prise par les revenus de la spéculation, les fameux « dividendes », au détriment des revenus du travail, largement fiscalisés. L’assistanat "compensant"  certaines dérives dangereuses comme la mise à la retraite précoce des « quinquas » , on remarque que le travail n’est pas suffisamment valorisé en France. Il faudrait généraliser l’intéressement salarié pour associer les salariés aux prises de décision dans les conseils d’administration.

La tragédie de la PAC où l’on a découplé le travail de la rémunération, n’en est finalement qu’un avatar.

Finalement, le problème de faiblesse de la part de « primes au mérite » dans la Fonction Publique n’est, encore une fois, pas si loin et c’est important que, à travers la mise en place progressive de l’Indemnité de fonction et de résultat, à la fois pour la mobilité et l’intéressement

 

 

 

                    En « gelant » toute nouvelle dépense publique hors niveau des pensions-sachant qu’une réforme est heureusement ne cours et que celles-ci permettent d'entretenir la « consommation » en province et, si possible, en dehors de la Côte d’Azur et de la Côte Basque,-et intérêts de la dette, le gouvernement Fillon permet peut-être de sauvegarder le faible niveau de ces derniers.

C’est tout l’intérêt, sans jeu de mot des « réformettes » qui, incapables certes d’enrayer la spirale de l’endettement public , jouent finalement pour les taux d’intérêt dont le faible niveau (celui des OAT notemment) permet seul à notre modèle de perdurer pour l’instant. Cela peut aussi être l'intérêt d'un nouveau plan d'aide consistant en une garantie publique au niveau européen mais celle-là ne fera que retarder le "problème" de quelques mois!

En fait, cette solidarité entre milieux spéculatifs et « Etat-Providence » ne jouent que sur le court terme car, à plus long terme, il est évident que, le budget restant l’apanage des Etats, on ne peut continuer à entretenir l’Etat-Providence en laissant notre appareil productif à l’extérieur de nos frontières et c’est pourquoi un plan de relocalisation comme complément aux « réformettes » visant à alléger les dépenses publiques s’imposent.

Se pose en filigrane le problème de financement de l’Etat-Providence, avec des conséquences peut-être plus graves que pour les Grecs ou les Portugais, en raison de l’économie informelle de ces pays..si, conformément à l’héritage des années Salazar, le Portugal a conservé une société de « proximité » avec des côtés autarciques, il faut savoir que le PIB grec est sous-évalué de…35% ! Si l’on ajoute à cela le fait que les professions médicales n’y déclarent pas leurs revenus,

Cette nécessité de « relocalisation » nous pousse à s’intéresser à la question de l’Union européenne, zone de libre-échange trop faiblement protégée et à sa monnaie, l’euro, conçue exclusivement pour les intérêts allemands,

La tragédie de la PAC où l’on a découplé le travail de la rémunération, n’en est finalement qu’un avatar, alors que le agriculteurs ont perdu 34% de leurs revenus en 2009 et que nous avons besoin de produits alimentaires et d’entretien des paysages dans un aménagement du territoire équilibré pose clairement la question de la réhabilitation de l’économie réelle et à quel prix.

 

                      Il y a en effet quelque chose d’absurde à verser quatre-vingt milliards d’euros pour la zone euro, dont  17 milliards d’euros pour la France, sachant que, même si le prétexte affiché consiste dans la rémunération des prêts à la Grèce à des taux inférieurs à ceux auxquels elle emprunterait elle-même-, sachant que tout cet argent ne servira qu’à faire vivoter ce pays quelques mois encore ! Un nouveau plan massif tel que celui qui pourrait de concocter ce week-end présenterait l'intérêt d'une garantie mais ne saurait "sauver le système" plus de quelques mois! Plus généralement, il est absurde d’imposer une monnaie unique à des Etats culturellement et géographiquement différents qui n’ont de fait pas les mêmes impératifs et il est temps de « faire un exemple » avant que l’effet domino joue pour tous les Etats surendettés de la zone euro. Et celui-ci jouera de toutes les façons si le modèle strictement « consumériste » que la « zone la moins protégée du monde » qu’est l’Union européenne continue de fonctionner, de surcroît avec plusieurs Etats surendettés !

C’est pourquoi la question de la sortie de la Grèce de la zone euro en attendant celle d’autres pays doit désormais se poser maintenant et ce, même si elle se ferait nécessairement dans la douleur !

Après tout, il ne peut plus y avoir remontée des taux d’intérêt sans effondrement de la valeur des actifs ! Et la valeur des actifs constitue en elle-même une nuisance y compris dans le montant des charges comptables des entreprises qu’il paraît impératif d’alléger.

Comme l’inflation se caractérise indépendamment de l’absence de croissance en raison de déséquilibres que je dénonçai déjà à l’été 2008 sur des « postes » comme l’immobilier, les matières premières ou..les produits alimentaires en fin de circuit, c’est un risque à courir ! Après tout, la surévaluation latente de certains actifs ne constitue un avantage que pour les « rentiers » ayant acheté « au bon moment ». Même concernant le tourisme, celui-ci gagnerait à une forte dévaluation qui rendrait la Grèce encore plus attractive !

Ne dit-on pas que l’ « euro fort » explique pour beaucoup cette montée des prix que l’on ne « classifie » pas nécessairement comme de l’inflation et qui explique beaucoup, sauf en Allemagne, l’atonie de la consommation, des exportations et, plus grave, des investissements !

Avec les précautions d’usage, sachant que la France n’y est pas aussi préparée que la Grèce et le Portugal, ce raisonnement est tout à fait transposable à la différence qu’il ne faut pas attendre le défaut de paiement pour développer chez nous une « économie parallèle » au bon sens du terme, toujours préférable à l’assistanat en termes de rapports sociaux, plus respectueuse de l’environnement et constituant une véritable alternative à cette alliance objective des marchés spéculatifs avec le « tout-Etat » avant que celle-ci ne s’effrite.

Et puis, il serait bon de remettre en cause ce « gigantisme » qui éloigne les producteurs des consommateurs et ce, avant que l’échéance se rapproche dans notre pays. Et de prôner une économie plus proche du « réel » ne serait-ce qu’en termes de « valeur des actifs ».

C’est là qu’il faut, progressivement, commencer à s’intéresser aux « structures intermédiaires » qui court-circuitent aussi bien l’Etat-Providence que la grande distribution selon une tournure très poujadiste qui ne nous rebute pas.

A condition que les « communautés intermédiaires » prennent le relai au niveau social et, si le modèle de la « PME enracinée » ne se développe pas suffisamment, il faut jouer sur le secteur associatif en utilisant à fonds les mécanismes de défiscalisation puisque ceux-ci existent, comme le font depuis quelques années déjà les Associations d’Aide au Maintien de l’Agriculture Paysanne qui compensent assez bien le défaut de rentabilité de nombre d’exploitation qui fonctionnent « à perte » ?  Il va de soi que la famille et les relations de "voisinage" dans l'esprit des anciennes paroisses doivent être réhabilités de façon à ce que davantage d'indigents puissent au moins utiliser leur "temps libre" au service des personnes et des propriétés.

Le statut d’ autoentrepreneur reste intéressant pour des personnes bénéficiant déjà d’un « statut social » car il peut développer cette activité secondaire dont la France a aussi besoin et qui existe déjà beaucoup en Grèce et au Portugal 

Cela peut sembler dangereux au premier abord de remettre finalement en cause les mécanismes de financement de l’Etat-Providence, plus de 45% des recettes publiques étant issues de la Taxe à la Valeur Ajoutée, sur le court terme, mais, sur le long   terme, c’est aussi un moyen d’apprendre aux personnes à limiter leur dépendance envers l’Etat-Providence ce qui est une bonne chose et c’est peut-être là que les Grecs nous montrent paradoxalement la voie..

Bien sûr, il faut penser à la transition aussi dans les rapports avec les pays émergents: les normes écologiques que je préconisent aux frontières de l’Europe et même aux frontières de la France car seul un système d’écluses s’avère efficace m’incitent à « profiter » de la délocalisation des emplois industriels polluants pour réhabiliter une économie plus éco-durable. De même que les secteurs liés à « l’économie durable » peuvent être encouragés sur les décombres des industries polluantes déjà délocalisées.

                         Ce modèle de « développement durable », limitant les impacts de la mondialisation et de l’assistanat, renforcera la cohésion « identitaire » des peuples à condition d’envisager dès maintenant une alternative à l’Etat-Providence en même temps qu’une sortie de la « zone euro ».

Dès maintenant pour les Grecs puisqu’ils sont prêts et que nous n’avons plus le choix en raison du risque d’ « effet domino » et de manière plus « progressive » pour notre pays puisque son modèle social le protège encore…à de plus en plus court terme !

Encore une fois, un nouveau plan ne ferait que reporter le problème de quelques mois puisqu'il se traduirait nécessairement par une aggravation de la dette des autres Etats surendettés! La fameuse "cohésion" de l'Europe permettrait peut-être à court terme aux Etats d'emprunter à de meilleurs taux mais reporterait simplement le risque de "défaut de paiement" de quelques mois ce qui n'invaliderait pas ma proposition.

 

Publié dans EUROPE SUPRANATIONALE

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C
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M
<br /> <br /> Vous avez deviné à l'avance qu'un plan européen ne changerait rien et vous avez été bon là-dessus, Jean du Terroir!<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Quel besoin avait-on d'imposer l'euro à tout le monde...y compris aux Grecs!<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Evidemment, le grand plan "européen" constituant essentiellement en une "garantie" a semblé remettre l'Europe "sur les rails" toute la journée hier.<br /> <br /> <br /> C'est oublier que:<br /> <br /> <br /> -les bourses évoluent toujours très rapidement et qu'il s'agit de spéculation "pure"<br /> <br /> <br /> -les grands peuples contributeurs comme l'Allemagne semblent déjà reprocher ce plan à leurs dirigeants comme viennent de le montrer les dernières "élections"<br /> <br /> <br /> -une aggravation de la dette publique des autres Etats comme le nôtre que ce plan risque d'engendrer inquiètera rapidement les marchés financiers<br /> <br /> <br /> -surtout, comme l'économiste Rosa l'a déjà remarqué, ce plan est totalement inutile sur le moyen terme puisque, s'il brise la flambée des taux d'intérêt grecs sur le court terme, il empêche la<br /> restructuration et la déflation devenues nécessaires en Grèce alors que celle-ci peut se le permettre en raison de son économie informelle<br /> <br /> <br /> <br />